Vous êtes ici

Selon le département santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 16 millions de jeunes filles de 15-19 ans accouchent chaque année dans le monde. Ces maternités interviennent au cours de leur adolescence qui est la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte et qui s’étend, selon les Nations unies, de 10 à 19 ans. Son début coïncide avec la puberté qui est une étape importante de la transformation du corps humain avec tous les phénomènes biologiques, psychiques et sociaux qui l’entourent : croissance physique, bouleversements hormonaux à l’origine de l’apparition des menstruations chez les filles et des éjaculations chez les garçons, désir sexuel et recherche de l’affirmation de soi… C’est une période d’insouciance durant laquelle on prend un certain nombre de risques et dont le plus encouru par les jeunes filles reste les grossesses précoces et ses conséquences notamment sur leur scolarité.
 
Au Gabon, la dernière Enquête démographique et de santé (EDSG) de 2012 montre que, malgré un taux de scolarisation élevé (97,2 %) et avec un indice de parité de genre au primaire et au secondaire très proche de 1, les adolescentes constituent 21 % de l’ensemble des femmes en âge de procréer et contribuent pour 14 % à la fécondité totale des femmes au Gabon. C’est ainsi que l’on note que 28 % des filles de 15-19 ans ont déjà commencé leur vie féconde : 23 % ont déjà eu au moins un enfant et 5 % sont enceintes pour la première fois. Cette même enquête a révélé les besoins en termes d’information en santé sexuelle et reproductive, une faible utilisation des moyens contraceptifs et particulièrement des préservatifs : un peu plus de 6 filles sur 10 de 15-19 ans (63,9 %) et environ 8 garçons sur 10 (78,1 %) de la même tranche d’âge ont utilisé un préservatif au cours deleur dernier rapport sexuel.
 
L’EDSG a aussi mis en évidence le phénomène de la sexualité précoce au Gabon. En effet, un peu plus de 2
filles sur 10 (21,9 %) et près de 7 filles sur 10 (68 %) ont déjà eu leur premier rapport sexuel non protégé avant
d’atteindre respectivement 15 et 18 ans. Cette situation souligne l’importance des grossesses précoces pour
désigner toute grossesse intervenant avant l’âge de 20 ans.
 
Face à cette situation, on perçoit la nécessité de mener des actions contre ce phénomène en milieu scolaire. Pour ce faire, le Gabon s’est engagé dans l’atteinte des objectifs de l’Éducation pour tous (EPT) en 2015
en promouvant l’éducation à la puberté et à la santé sexuelle et reproductive. Le cadre d’action vise essentiellement : l’enseignement primaire universel, l’apprentissage des jeunes et des adultes, et l’élimination
des disparités liées au genre.
 
Pour assurer le suivi de ces objectifs, le Gabon s’est doté d’un mécanisme et a mis en place une cellule représentant les ministères concernés, les ONG, les syndicats et associations. Cette cellule travaille en collaboration avec les partenaires au développement dont l’UNICEF, l’UNESCO et l’UNFPA. Son dernier rapport a mis en évidence, entre autres obstacles à l’atteinte de l’objectif de la scolarité universelle, les redoublements récurrents et la déperdition scolaire, dont l’une des principales causes connues est les grossesses précoces.
 
La composante programmatique Renforcement des capacités pour la survie, le développement et la protection de l’enfant de l’UNICEF, par son produit 2.3, prévoit qu’au terme de ce programme, 60 % des principales entités de prévention du VIH, des IST et des grossesses précoces chez les adolescents et les jeunes aient leurs capacités renforcées pour offrir des services de qualité, notamment aux plus vulnérables.
 
C’est donc en vue de planifier le renforcement des capacités de ces principales entités qu’une analyse de la situation du phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire et des programmes de prévention en cours s’avère nécessaire. Elle s’inscrit dans l’optique de mieux cerner les causes et les conséquences de ce phénomène afin de l’endiguer efficacement.