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Le Gabon a au cours des mois de mars et avril célébré respectivement la journée internationale de la femme sous le thème « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement » et la journée nationale de la femme sous le thème « Stop aux violences faites aux femmes ».

La thématique de la journée du 08 mars 2019 proposait de réfléchir d’une part aux moyens innovants permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, notamment dans les domaines suivants : les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et la construction d’infrastructures durables, et d’autre part aux moyens d’accélérer le Programme 2030 et favoriser la mise en œuvre effective de ses objectifs, en particulier de l’objectif n.5 (« parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ») et de l’objectif n.4(« assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie »). Pour contribuer à l’atteinte de ces objectifs, l’UNFPA Gabon a apporté son appui à des associations locales notamment l’Association des Sages-Femmes du Gabon (ASFG)et le Réseau des Confessions Religieuses et de la Société Civile sur la Santé de la Reproduction (RCRSCSR).

Le 17 avril 2019, marquait la célébration de la journée nationale de la femme. La question qu’on serait en droit de se poser est de savoir si, malgré quelques avancées au niveau de ses droits, la femme gabonaise continue de subir des discriminations juridiques ou sociales en raison de son sexe. Le Gabon a ratifié la plupart des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF-CEDAW) …

Malgré cet arsenal juridique, on observe que, les violences basées sur le genre demeurent un phénomène qui se pose avec acuité au Gabon.  Celles-ci sont non seulement considérées comme un tabou, mais également comme étant un phénomène normal du fait qu’elles sont pour la plupart perpétrées dans la cadre intime. C’est ainsi que les victimes (femmes/filles ou hommes/garçons) subissent en silence diverses formes de violences qui peuvent être à l’origine de maladies psychosomatiques aux conséquences parfois dramatiques.

Afin d’en déterminer la prévalence au sein de la société gabonaise, ainsi que les principales victimes, les auteurs, les causes et les conséquences liées à ce phénomène, le Ministère de la santé et de la prévoyance sociale, à travers la Direction Générale de la Promotion de la Femme, avec l’appui technique et financier du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a entrepris la réalisation de la présente enquête nationale sur les Violences Basées sur le Genre.

L’enquête révèle qu’en dehors des violences psychologiques et verbales avec une très faible avance des victimes de sexe masculin (51,7% contre 48,3% et 53,8% contre 46,2%), l’essentiel des victimes des autres types de violences sont de sexe féminin. Ces deux résultats peuvent traduire la réaction des femmes aux multiples violences dont elles sont victimes de la part des hommes.

En effet, près de 2 personnes sur 3 victimes des violences physiques (66,2%) sont des femmes. Cette tendance est même beaucoup plus accentuée concernant les violences économiques et sexuelles avec des femmes qui représentent respectivement plus de 9 victimes sur 10 (92,6% et 92,4%).

Concernant les violences physiques, les femmes représentent 54,3% des victimes contre 45,7% de victimes de sexe masculin. Ce résultat est conforme aux traditions en vigueur au Gabon qui, dans la plupart des cas, octroient plus de pouvoir aux hommes si bien que ces derniers en abusent parfois (y compris par la force).

Pour ce qui est respectivement des violences économiques et sexuelles, plus de 4 victimes sur 5 (82,3%) et près de 9 victimes sur 10 (89,8%) sont des femmes. Ces résultats reflèteraient le statut de l’homme comme principal pourvoyeur des ressources du ménage d’une part, et de chef de famille d’autre part. Dans ce dernier cas, il estime avoir le droit d’user à sa convenance de tous les biens du ménage (y compris de sa conjointe).

Par ailleurs, l’absence de cadres adéquats de prise en charge des cas de VBG et le contexte culturel font que 58,1% des victimes de sexe masculin contre 56,6% chez les femmes ne font rien après avoir subi un cas de VBG (quel qu’en soit le type). Les raisons evoquées sont entre autres l’attachement des victimes à leurs enfants (36,8%) surtout celles de sexe féminin, l’impuissance des victimes devant les auteurs de ces violences (25,3%), le caractère jugé intime de affaires par les victimes (19,7%), à la foi en Dieu (11,3%).

Les principales causes de la survenance des VBG sont, entre autres, la hiérarchisation sociale des sexes au Gabon en "sexe fort" opposé au "sexe faible", la consommation d’alcool, la jalousie (violences physiques), la domination des hommes sur les femmes (violences sexuelles) et la précarité dans laquelle vivent certaines femmes (violences économiques) ;  Et la réaction à l’égard des autres formes de violences dont elles sont victimes de la part de leurs auteurs (violences psychologiques).

Ainsi, la première dame du Gabon, Madame Sylvia BONGO ONDIMBA a organisé une marche pour dire non à l’impunité.

Sur l’esplanade de l’Assemblée nationale, face aux parlementaires, aux membres de la société civile et aux responsables des confessions religieuses, la première dame du Gabon, a remis, à Faustin Boukoubi, président de l’assemblée nationale, le plaidoyer en faveur des droits des femmes et l’enquête nationale sur les violences basées sur le genre (VBG). Le prix dénommé « Agathe Okumba d’Okwatsegue » a été décerné aux acteurs majeurs de la lutte contre les violences faites aux femmes au Gabon. Agathe Okumba d’Okwatsegue s’est vue attribué le prix honorifique d’une valeur de 10 millions de francs CFA, avant les responsables de l’ODEFPA (Observatoire Des Droits de la Femme et de la Parité), Madame Honorine Nzet Biteghé, et de l’association cris de femmes, Madame Caleopie Alloue, qui elles recevaient des prix d’encouragement respectivement de 30 millions et 10 millions

Par ailleurs, S’alignant sur la décision de l’Union Africaine de consacrer la décennie 2010-2020 à la promotion du statut de la femme en Afrique, le Président de la République gabonaise, son Excellence Ali Bongo Ondimba, a décrété la période 2015-2025 décennie de la femme gabonaise. Une consultation nationale sur la situation de la femme gabonaise a été lancée en décembre 2015 permettant de faire un état des lieux et d’identifier les interventions idoines à développer. Un rapport sur la situation générale de la femme gabonaise a été produit et a servi de base pour l’élaboration du plan décennal pour l’autonomisation de la femme gabonaise 2015-2025. Pour son opérationnalisation, un plan d’action triennal 2016-2018 a été également développé. L’UNFPA a appuyé le Ministère de la Famille, de la Décennie de la Femme et de l’Egalité des chances pour la réalisation de Revue Triennale du Plan Decennal pour l’Autonomisation de la Femme 2015 – 2025. La présente revue a été conduite afin d’identifier les progrès réalisés et les obstacles rencontrés au cours de ces trois premières années de mise en œuvre. Après un atelier de validation de ladite revue, le Représentant Résident de l’UNFPA, M. Keita Ohashi a remis le rapport de la revue à son excellence, Estelle ONDO, Ministre de la Famille, de la Decennie de la Femme et de l’Egalité des Chances. Cette dernière à transmis la revue au premier ministre, Julien Nkoghe Bekale lors de la journée nationale de la femme.

En outre, dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme, l’UNFPA a appuyé le Ministère de la Justice et des Droits Humains, Garde des Sceaux lors des sessions de sensibilisation et de renforcement des capacités sur les droits de la femme à l’intention des femmes et filles détenues, du personnel de la sécurité pénitentiaire et des magistrats.