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Le Gabon a ratifié la plupart des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF-CEDAW) …

Malgré cet arsenal juridique, on observe que, les violences basées sur le genre demeurent un phénomène qui se pose avec acuité au Gabon.  Celles-ci sont non seulement considérées comme un tabou, mais également comme étant un phénomène normal du fait qu’elles sont pour la plupart perpétrées dans la cadre intime. C’est ainsi que les victimes (femmes/filles ou hommes/garçons) subissent en silence diverses formes de violences qui peuvent être à l’origine de maladies psychosomatiques aux conséquences parfois dramatiques.

Afin d’en déterminer la prévalence au sein de la société gabonaise, ainsi que les principales victimes, les auteurs, les causes et les conséquences liées à ce phénomène, le Ministère de la santé et de la prévoyance sociale, à travers la Direction Générale de la Promotion de la Femme, avec l’appui technique et financier du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a entrepris la réalisation de la présente enquête nationale sur les Violences Basées sur le Genre.

L’objectif  étant de mettre à la disposition des décideurs une photographie exacte de la situation des violences basées sur le genre au Gabon, en vue de la réduction voire de l’éradication des VBG d’une part, et d’autres part d’assurer une meilleure prise en charge à travers l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre ce fléau.

Cette enquête s’est déroulée auprès de 2 500 personnes âgées de plus de 15 ans, répartie proportionnellement au poids démographique de chaque entité administrative (province, département, commune, arrondissement/canton et quartier/village) et du milieu de résidence (urbain et rural).

A l’issue de cette enquête, il ressort qu’au cours des 12 derniers mois, près de 7 personnes enquêtées sur 10 (tous sexes confondus 68,5%, soit 1711 sur 2500) ont été victimes d’au moins une forme de VBG.

En dehors des violences psychologiques et verbales avec une très faible avance des victimes de sexe masculin (51,7% contre 48,3% et 53,8% contre 46,2%), l’essentiel des victimes des autres types de violences sont de sexe féminin. Ces deux résultats peuvent traduire la réaction des femmes aux multiples violences dont elles sont victimes de la part des hommes.

En effet, près de 2 personnes sur 3 victimes des violences physiques (66,2%) sont des femmes. Cette tendance est même beaucoup plus accentuée concernant les violences économiques et sexuelles avec des femmes qui représentent respectivement plus de 9 victimes sur 10 (92,6% et 92,4%).

Il en est de même de la prévalence des VBG selon le sexe et le type de violence au cours de la vie. En effet, l’enquête nous a révélé qu’hormis les violences verbales et psychologiques qui sont majoritairement subies par les hommes avec respectivement 52% et 51,1% de victimes contre 48% et 48,9% des femmes, les autres formes de VBG ; à savoir les violences physiques, économiques et sexuelles sont le fait des femmes qui en sont majoritairement victimes. 

Concernant les violences physiques, les femmes représentent 54,3% des victimes (800 sur 1263) contre 45,7% de victimes de sexe masculin. Ce résultat est conforme aux traditions en vigueur au Gabon qui, dans la plupart des cas, octroient plus de pouvoir aux hommes si bien que ces derniers en abusent parfois (y compris par la force).

Pour ce qui est respectivement des violences économiques et sexuelles, plus de 4 victimes sur 5 (82,3%) et près de 9 victimes sur 10 (89,8%) sont des femmes. Ces résultats reflèteraient le statut de l’homme comme principal pourvoyeur des ressources du ménage d’une part, et de chef de famille d’autre part. Dans ce dernier cas, il estime avoir le droit d’user à sa convenance de tous les biens du ménage (y compris de sa conjointe).

Par ailleurs, l’absence de cadres adéquats de prise en charge des cas de VBG et le contexte culturel font que 58,1% des victimes de sexe masculin contre 56,6% chez les femmes ne font rien après avoir subi un cas de VBG (quel qu’en soit le type). Les raisons evoquées sont entre autres l’attachement des victimes à leurs enfants (36,8%) surtout celles de sexe féminin, l’impuissance des victimes devant les auteurs de ces violences (25,3%), le caractère jugé intime de affaires par les victimes (19,7%), à la foi en Dieu (11,3%).

Les principales causes de la survenance des VBG sont, entre autres, la hiérarchisation sociale des sexes au Gabon en "sexe fort" opposé au "sexe faible", la consommation d’alcool, la jalousie (violences physiques), la domination des hommes sur les femmes (violences sexuelles) et la précarité dans laquelle vivent certaines femmes (violences économiques) ;  Et la réaction à l’égard des autres formes de violences dont elles sont victimes de la part de leurs auteurs (violences psychologiques).

C’est pourquoi, pour remédier à ce fléau, il a été entre autre recommandé  d’intensifier des activités de prévention de ces violences et de protection des victimes par le biais de l’adoption d’une loi spécifique contre les VBG, de réduire les coûts de délivrance des certificats médicaux…d’une part, et l’amélioration des services de prise en charge d’autres part.